Kigali, 18 – 28 novembre 2009

Mercredi 18 novembre 2009
Soleil sur Kigali ce matin.
Rendez-vous avec Eric à 9 heures 30 sur le chantier. Emerveillement devant le grand bâtiment, retrouvailles avec John et Annonciata, Françoise, Anathalie. J’ai apporté 5 appliques murales marocaines pour les deux salles de restaurant et le panneau signalétique fait par Iwan : gros succès. On parle aussi des chauffe-eau. Deux ont été achetés, ils étaient prévus pour la grande maison. Mais finalement on va en mettre un pour la cuisine et un à la case de passage.
Longue discussion avec Annonciata qui a agrandi sa maison.
La pluie commence à tomber fort, et presque toute l’après-midi.
A 16 heures discussion avec François de l’Association pour la promotion des potentialités locales (Apropol), responsable de la formation aux métiers de la restauration qui va être dispensée prochainement à 25 femmes et jeunes filles de Kimironko. On parle des mamans. De leur difficulté à s’investir dans l’avenir, plus loin que les per diem quotidiens et leur immédiateté. De l’idée de faire de la Maison de quartier un petit « centre touristique ». François m’apprend qu’il existe un circuit où est programmée la visite de l’ONG Women for women. Je pense qu’on pourrait y inclure notre maison. On parle de Beata, de Thérèse. Du dynamisme d’Annonciata, de Françoise, de Ziada. On revoit le devis équipement de la cuisine et du restaurant. J’appelle Godelieve pour qu’on dîne ensemble avec François vendredi soir.
J’apprends que Claudine, la Maire du District de Gasabo a démissionné.

Jeudi 19 novembre 2009
J’appelle Alice à 9 h pour aller avec elle au District. On part en minibus, le district a déménagé dans le quartier des ministères (donc beaucoup plus près pour nous). On comprend que notre dossier n’est toujours pas allé chez le Conservateur des titres fonciers et qu’il est maintenant rangé aux archives. Mais les archives sont fermées etc. On téléphone à Melle Appoline et on espère que le dossier va suivre le cours prévu… il y a maintenant 4 mois. On repart en petit bus jusqu’au marché de Kimironko où on va voir « notre » menuisier (devis pour 6 tables et 24 chaises). Ils sont toujours sympas. Au marché on achète des fruits, ananas et bananes chez une dame de l’umudugudu. Je montre à Alice les stands d’artisanat sur le marché pour les Imigongo.
On visite le bâtiment principal avec Alice et Annonciata. Elles découvrent l’identité des différentes pièces. On décide de mettre provisoirement les Imigongo dans la bibliothèque. Elles sont ravies de cette visite, et moi aussi. Mais l’électricité n’a pas été faite selon le plan d’électricité qu’on avait envoyé (notamment pour les appliques murales…)
Après, travail avec Alice et Annonciata (les comptes surtout). Puis Alice part imprimer la convocation pour la réunion de dimanche. Je reste une bonne heure à parler avec Annonciata. Elle explique la vie quotidienne des mamans qui consiste à se demander dès le matin ce qu’il y aura dans l’assiette de leurs enfants le soir. Je comprends un peu mieux les difficultés de se projeter dans l’avenir alors que tout l’espace psychique est pris par cette préoccupation. Je comprends ce que je ne comprenais pas jusqu’à maintenant. C’est-à-dire que les besoins immédiats /la pauvreté (manger le soir et nourrir les enfants) empêchent un investissement à plus long terme. Elle dit aussi : « il faut accueillir tout le monde à la maison, les cousins, les orphelins et même les vieux hommes qui restent là sans rien dire ».

Vendredi 20 novembre 2009
Réveil 6h. Préparation de la journée, quelques photocopies de factures à la papeterie Peace, des transferts sur la clef USB à propos du plan d’électricité et départ pour Kimironko.
Alice et Annonciata. On parle longuement avec Annonciata.
Rendez-vous avec Eric qui vient avec un menuisier (Claude) pour un autre devis des chaises et tables. Projet d’étagères avec charnières dans la bibliothèque, et meuble de rangement/plan de travail dans la cuisine, armoires à clairevoies sous les éviers. Le menuisier rappelle dans l’après-midi, il est beaucoup plus cher que celui du marché. Jean, le chef-maçon et chef de chantier, nous propose un devis beaucoup moins cher que celui qu’il avait proposé pour les plafonds. Je suis mécontente du travail de l’électricien : devis très cher pour le matériel, les néons ont été installés à tort dans la salle d’apaisement et il n’y en a pas dans la bibliothèque, les prises sont basses dans la crèche et sans protection. Les murs sont complètement finis, rejointoyés et brossés, les fils pour les appliques murales sont posés tout en haut des murs presqu’au plafond. Il faut donc détruire les murs pour repasser les fils à l’intérieur à une hauteur qui convient pour les appliques.
Après : Annonciata et Léonie. On bavarde un moment. Nous visitons la maison ensemble et Léonie dit « c’est magnifique ».
Et enfin dîner avec Godelieve et François. Godelieve ira voir les mamans de Kimironko pour leur expliquer tout l’intérêt qu’elles ont à avoir la personnalité juridique (coopérative).

Samedi 21 novembre 2009
Réveil 6 h. Je reprends mes notes préparées pour la réunion de dimanche. Je travaille jusque vers 8h. C’est umuganda – journée de travaux communautaires : aucune voiture dans les rues, c’est très calme jusqu’à ce que des pluies diluviennes se mettent à tomber. En ce moment c’est la petite saison des pluies et les oiseaux très contents chantent beaucoup. Finalement ça se calme et je pars à Kimironko. Arrivée là-bas je fais le chemin jusqu’à la maison avec deux jeunes qui voient mon nom sur mon sac. « C’est toi Florence ? ». Oui, oui. Lui, il est le fils de Généreuse.
Annonciata puis Eric arrivent et on se met à faire les comptes de la 13ème tranche. A 4 h passe Philibert. Il m’a écrit quand j’étais encore à Paris par le hasard du site de discussion Yahoo créé après le colloque de 2006 à Kigali. « Tous les matins très tôt quand je pars travailler je vois les femmes de la maison de quartier qui étudient sous le kiosque de la maison de quartier ». Nous avons commencé les comptes avec une heure de retard à cause de la pluie. Philibert revient à 5 h avec sa femme. Il est professeur d’histoire à l’université. On visite la case de passage et la grande maison.  Puis on part ensemble chez eux, tout près. Je visite leur maison. Il y a deux chambres de visiteurs. Je dis « Ce sera bientôt pour les bébés ». Ils m’apprennent que Benoît (Ibuka) habite juste en face de la maison de quartier. Je vais l’appeler, je suis contente.
Philibert et sa femme n’ont plus leurs parents. Ce sont des tuteurs qui les remplaçaient lors de leur mariage, dont ils me montrent quelques images (film). Il y avait 500 personnes. Mariage religieux puis traditionnel, comme toujours au Rwanda. Les mariés sont au centre et il y a deux espaces face à eux à droite et à gauche où sont installés les invités. On voit Benoît. Philibert était à Ibuka, aujourd’hui il est toujours membre du conseil d’administration, mais moins activiste en raison de son travail.
Philibert a fait ses études à Péronne en France (centre sur la 1ère guerre mondiale) et à l’université francophone d’Alexandrie. Il a aussi fait un séjour au Mémorial de la Shoah à Paris.
On parle ensuite longuement de la maison de quartier et de ses futures activités. Comment ça a commencé, pourquoi. Ils insistent pour qu’on demande une extension de la parcelle, notamment pour la crèche et les mariages. On parle ensemble pendant 2 heures. Puis à la fin, Philibert me parle d’un Fonds de développement communautaire.
Ils appellent la maison de quartier « la maison agaseke » (paniers rwandais avec couvercles pointus) et c’est leur repère/leur relai pour indiquer à leurs amis la route qui va chez eux.
Ils me raccompagnent à la maison où je retrouve Eric pour faire des essais d’électricité pendant que la nuit est noire.
Puis moto et retour à l’hôtel. J’ai de nouveaux amis, qui sont aussi des voisins.

Dimanche 22 novembre 2009
Plein soleil sur Kigali le matin. Je prépare la réunion.
14 h – 20 heures, Kimironko : les mamans arrivent « tranquillement » jusque vers 3 heures. En attendant que toutes soient là, on visite la maison par petits groupes successifs, on explique les pièces et leur destination. Je vois qu’elles sont émerveillées. Elles viennent m’embrasser, dire merci avec une émotion très grande, elles disent que « c’est magnifique ». Ensuite il y a la réunion très longue, elles n’ont jamais été aussi nombreuses (près d’une centaine). Elles sont très gaies et impatientes de démarrer les activités. Annonciata et Patricie me remercient avec une grande sincérité, avec beaucoup d’authenticité. Annonciata dit que c’est formidable d’en être là où nous en sommes arrivées en 3 ans, ainsi qu’Anastasie (groupe crèche). Toutes les deux parlent de l’avenir : ce qui s’est passé depuis le début de nos réunions permet que nous y pensions vraiment. Françoise demande quand la coopérative va être mise en place. Beata (responsable groupe « décoration ») intervient pour son groupe : les réunions qu’elles ont faites, les difficultés de trouver des marchés pour les Imigongo. « Mais nous ne sommes pas découragées, on a compris les bénéfices à travailler ensemble. Le processus de constitution de la coopérative Agatako (« joli ornement ») est en cours, on a espoir qu’en 2010 elle sera créée. Nous nous efforçons de vendre les premiers Imigongo réalisés pour constituer un budget de démarrage ». Les Imigongo ont été déposés en exposition-vente au comptoir Avega. François a vendu 3 Imigongo (15 000 FRW). Eugénie Mboyire : « on a hâte de travailler et que les activités se mettent en place ».
La nuit commence à tomber, on fait une autre réunion avec les mamans qui ne sont inscrites dans aucun groupe. Je quitte Kimironko à 20 heures. Avec François on va boire un pot.

Lundi 23 novembre 2009
Toute la matinée avec Jean et Annonciata pour parler de tout ce qui est à faire : rétablir l’éclairage suivant le plan d’électricité ; plafonds sauf bureau de gestion, cuisine, toilettes, préau (barza) de la crèche ; terrassement à l’arrière de la maison ; étagères ; construction d’une annexe pour la cuisine à l’extérieur ; on fait l’essai d’une natte pour servir de porte à la « salle d’apaisement » (Aho Kuruhikira). Avec John, Annonciata et Alice, on va voir le four chez une voisine.
J’appelle Melle Appoline (District). La lettre pour le Conservateur des titres fonciers est prête, « elle est à la signature ». Elle devrait partir ce lundi et le dossier revenir au District jeudi ou vendredi.
A 13 h je pars retrouver François.
Je file au DED où j’ai RV avec Gerd. Après discussion il semble que nous allons pouvoir faire une formation de perfectionnement de 2 semaines pour le groupe décoration (20 femmes). Ce serait top. Je devrais avoir la réponse avant mon départ.
Retour chez Lando.

Mardi 24 novembre 2009
7 h, j’appelle Anne Marie pour les bougainvillées (haie végétale pour la parcelle). Elle me dit oui pour les bougainvillées orange que son jardinier déposera à la Maison de quartier, mais il faudra trouver d’ici là une jardinière.
9 heures, coup de téléphone d’Eric alors que nous avons RV avec Straton. « Il a eu une réunion urgente. » RV demain à 11 h.
Alors que je quitte l’hôtel pour aller voir les amies d’Avega, je vois Anne Marie et nous reparlons des plantes. Elle dit que finalement son jardinier viendra expliquer comment les planter (terreau + engrais). Je pense qu’on va trouver  sans peine une maman pour s’occuper du jardin. Tout ça s’arrange plutôt bien.
Je vais à Avega : Je vois Madeleine, Emerita, Joséphine et d’autres. Assumpta tarde à arriver, la laborantine que connaît Marie n’est pas là, sinon je lui aurais dit bonjour de sa part.
Puis deux réunions : la réunion du groupe « décoration » se passe très bien, elle dure longtemps (de 3 à 6 h), 12 femmes se disent prêtes à faire la coopérative. Réunion du groupe « restaurant » plus technique et brève.
Retour 19 heures

Mercredi 25 novembre, c’est une belle journée ! Pas pour le temps qui passe de très chaud aux trombes d’eau qui rafraichissent sérieusement l’atmosphère mais pour les échanges multiples.
J’arrive vers 9 heures à la maison à Kimironko, je bavarde avec Annonciata. Deux jeunes filles passent, Marie-Rose et Nadine, pour que je fasse une photo.
Deux dames passent : Gertrude et Liberata. Elles veulent travailler et non plus être « sans rien faire à la maison ». Elles sont prêtes à faire « le ménage, le jardin, n’importe quels travaux ». C’est difficile de répondre. Annonciata se joint à nous, elle dit : « cela viendra peu à peu. On va commencer avec quelques emplois et il y en aura plus après ». Elle parle de la crèche qui donnera des emplois. Et rappelle ce qu’Odette a dit quand nous sommes allées lui rendre visite à Rwamagana (centre Avega), « on a commencé très peu nombreuses et maintenant il y a beaucoup d’emplois ». Surtout avec les mariages de la région qui se déroulent tous là au centre Avega de Rwamagana. A chaque fois dans les mariages il y a entre 300 à 500 personnes. Les mariages sont l’activité principale des samedis. Ils reconstituent pour beaucoup la famille perdue.
Vestine passe, elle vient de finir sa licence en gestion. Elle est adorable, je l’aime beaucoup. Nous visitons ensemble la maison et ses yeux pétillent de joie quand je lui montre la bibliothèque, « Il y aura une bibliothèque ? » Cela signifie que c’est une maison où elle va trouver quelque chose pour elle.
Arrivent ensuite Beata et Verdiane très ponctuelles à 10 heures, je leur explique le fonctionnement du financement du DED qui a changé et de la gestion par elles de ce financement, y compris pour les artistes de Nyarubuye. On appelle ensemble Christophe (DED) qui doit passer le lendemain pour avoir les signatures des 20 participantes. Elles sont très contentes.
Puis avec Alice nous parlons de ce qu’il nous reste à faire et de ce qu’elle aura à faire quand je serai partie.
Arrivent Straton, Marie-Aimée (sa femme) et Eric. On visite ensemble. Marie-Aimée découvre la maison de quartier, elle aime la couleur des briques et leur matière (la terre). Elle éprouve (comme moi) un sentiment d’apaisement dans ce lieu.
Puis longue séance de travail de 11 h à 14 h 30 (sans boire et sans manger) avec Straton et Eric. Comme à chaque fois Straton apporte beaucoup : son expérience, son savoir, son intelligence, son goût de la perfection, son aptitude à trouver une solution pour tout.
On a tout examiné dans le détail : les portes qui donnent sur le patio, la toiture du patio (et son aération), la citerne pour l’eau de pluie, le terrassement et les questions de ruissellement sur le terrain en pente (à l’aide des dessins de Marie), la pergola (avec les explications et croquis de Denis), l’annexe pour la cuisine (qui sera en triangle à l’arrière de la cuisine), l’ouverture d’une porte sur l’extérieur pour la cuisine, les plafonds, les factures et tutti quanti (électricité, etc.). J’étais très rassurée par ces échanges. Pour les portes donnant sur le patio, j’avais demandé au soudeur de faire un croquis à partir des portes et fenêtres existantes, il m’avait présenté un gribouillis qui ne ressemblait à rien. Alors John a pris un morceau de charbon de bois et a dessiné au sol les portes. C’était génial et il paraît que dans le temps les maçons faisaient ainsi tous les croquis avec le charbon de bois. Comme je disais à Eric qu’il fallait toujours bien transmettre à John les éléments que je lui envoie (photo de pergola, etc.), Straton a dit : « oui il faut toujours faire circuler l’information », il s’est arrêté quelques secondes et il ajouté « c’est son bébé à lui aussi ». Alors j’ai pensé que ce bébé/maison était le bébé de beaucoup de monde en même temps. J’ai invité Eric à dîner demain soir ainsi que Straton et Marie-Aimée qui eux ne seront pas forcément libres. Grâce à Straton j’ai aussi retrouvé où était la pépinière Norma où j’étais allée en 2005 avec Rayanatou. C’est tout près de la maison ! A ce moment-là je ne connaissais pas trop Kigali. Je savais seulement que c’était à Kimironko, mais ni Alice ni Annonciata ne savaient où c’était. Alors je vais essayer d’y aller demain matin.
Straton (comme Philibert) a insisté pour que nous fassions une demande d’extension pour le terrain qui est à l’arrière de notre parcelle : pour faire un jardin, un espace vert, et des jeux pour les enfants. Je pense que les mamans voudront y planter quelques légumes, ce qui serait pas mal pour le restaurant (choux, carottes, le basilic qui pousse tout seul ici, etc.). On peut faire un joli potager. Je suis maintenant moi aussi convaincue pour l’extension qui nous permettra de faire des mariages. D’ailleurs pour les mamans qui n’auront pas bénéficié d’une formation, ce serait très bien puisque celles qui auront fait la formation mais n’auront pas d’emplois dans le restaurant ou celles qui voulaient suivre la formation mais ne l’ont pas pu, pourront être en charge des buffets de mariage. Celles qui pareillement voulaient suivre la formation Imigongo, mais n’ont pas pu, pourront prendre en charge l’activité de décoration des salles pour le mariage. Pour celles qui viennent et demandent à faire « le ménage », il faudrait penser à faire des emplois pour le ménage ou le jardin à tour de rôle.
Quand ils me raccompagnaient chez Lando, Straton a demandé ce qu’on mangerait au restaurant de la Maison, alors j’ai dit les plats qu’on mange dans les petits restaurants ici (omelettes, brochettes) et aussi les plats que Denis va apprendre aux mamans. Alors Marie-Aimée a dit qu’il faudrait que Denis lui apprenne ses plats parce qu’elle adore faire la cuisine.
Dans l’après-midi le topographe est venu faire le relevé de la parcelle contigüe pour la demande d’extension. Après je suis allée vers 4 heures en moto au centre ville confirmer mon retour. On devait s’appeler et se retrouver là avec François pour regarder les prix des hottes, frigo, cuisinière mais François était injoignable et je rentrée en bus chez Lando.
A 18 h, j’ai retrouvé mon amie Immaculée (journaliste). On était très contentes de se revoir, on a parlé de tout : de la maison, du District, du TPIR où les Rwandais, Ibuka, ont retiré toute collaboration avec le tribunal après l’acquittement de deux génocidaires. On a parlé des femmes tambourinaires pour l’inauguration. On a parlé des rescapées et de l’après-génocide. Des récits de ce qui a été vécu lors du génocide qui sont les mêmes mais très différents cependant pour chacune d’entre elles. « Chacune pourrait écrire un livre. » De Paris, de la Porte d’Orléans, de Victor Hugo et des Trois Mousquetaires. De Bruxelles, de Berlin, du Burundi. Elle m’a invitée vendredi soir à dîner chez elle.

Jeudi 26 novembre 2009
Coup de téléphone d’Eric sur les questions récurrentes de l’électricien. Il a eu un échange avec Jean qui voulait (comme moi) que le travail du maçon pour rattraper les erreurs de l’électricien soit imputé à celui-ci. Je passe quand même acheter deux lampes (1 jaune et 1 rouge) pour la crèche et je pars en minibus à Kimironko après une longue attente au changement du marché. Assumpta m’appelle, elle est à la maison et je la retrouve là-bas. On bavarde de tout, d’Avega, de la maison, des dames de Kimironko. Des meubles pour la crèche que leur chauffeur va nous livrer. Puis je vais voir John, j’explique que c’est la première maison qu’Eric construit. Bref, c’est Rwanda avenir qui va prendre en charge la correction des erreurs de l’électricien.
On va à la cellule rencontrer la Secrétaire exécutive, Claudine, 25 ans. Très sympa. On rigole, c’est encore une enfant.
Je pars au centre ville, rencontre de Verdiane en chemin. RV avec Françoise Donnay (Ambassade de Belgique) pour déjeuner chez Sun and Moon (succursale de Sol e luna). Très beaux stores transparents. Je repars en moto à Kimironko et je m’attrape une averse terrible. J’arrive trempée des pieds et à la tête. Je nettoie les lampes de la crèche. Alice arrive, on part à la pépinière Norma, vraiment belle, on croise Françoise habillée magnifiquement. Elle va à la dot de sa sœur. On croise aussi Christine et Grâce. Je rentre à l’hôtel, je suis transie de froid.
J’appelle Eric pour le dîner que nous avions prévenu. Bref il annule, je lui dis que j’aimerais parler un petit moment avec lui avant mon départ.
Alors je reste à l’hôtel et je me repose un peu. Par rapport à hier, c’est un peu le désenchantement.  Provisoirement. Demain est un autre jour.

Vendredi 27 novembre 2009
A 9 heures j’ai rendez-vous avec Evelyne, qui travaille au SNV (ONG hollandaise). C’est une amie qui habite Kimironko et qui était venue à la remise des certificats en maçonnerie. Elle est très chaleureuse. Cette ONG accompagne certains projets au Rwanda, surtout quand ils sont liés au tourisme. Le rendez-vous est très amical, je rencontre aussi François, membre du SNV, et je rencontrerai à mon prochain voyage Straton absent cette fois, plus directement concerné par notre projet. Je parle des activités prévues : restaurant, crèche, atelier Imigongo.
Passage à la banque, règlement de l’hôtel. Je repars à Kimironko. Gerd (Deutscher Entwicklungsdienst) passe à la maison et je lui remets la lettre de demande d’appui pour la directrice du DED et la présentation de la session de perfectionnement en Imigongo.  Il est émerveillé par la maison. Il devrait quitter le Rwanda à la fin avril. Je ne lui exprimerai jamais assez la gratitude que j’éprouve à son égard pour avoir soutenu notre projet Imigongo depuis le début : excursion de 2 jours à Nyarubuye avec 80 femmes, formation artistique d’un mois pour 20 femmes, réalisation des Imigongo sur 2 façades de la case de passage.

Dans l’après-midi une jeune fille de Nyarubuye passe pour apporter les Imigongo commandés pour Jean et Anne-Marie Davydoff. Malheureusement les couleurs sont ratées et je ne peux rapporter qu’un motif sur les 4 commandés. Je comprends que tous les beaux tableaux sont partis pour être exposés en Tanzanie. Ceux-là sont des « restes ». Je regrette de ne pas avoir vu Veneranda ou une des responsables pour parler de la formation, d’un suivi de la coopérative Agatako et d’un projet de motif pour la terrasse du restaurant.
Après nous partons avec Alice pour une pépinière à Nyarutarama et on revient avec une fougère, un pied d’agapanthe, une tubéreuse, deux pieds de romarin.
Je rentre à l’hôtel et à peine arrivée Immaculée m’appelle du parking. On part dîner chez elle. Sa vieille maman qui écoute la BBC, sa fille Orchidée (15 ans) que nous avions vue une première fois lors de son anniversaire fin novembre 2005 avec Rayanatou. Il y avait beaucoup de monde et les jeunes filles dansaient.
Ce soir-là il y a Yolande MUKAGASANA, l’actrice de Rwanda 94, auteure de La mort ne veut pas de moi. Marie, la sœur d’Immaculée, Rachel, Aloÿs, représentant du Rwanda au TPIR jusqu’à ce que tous les Rwandais cessent toute collaboration avec le Tribunal après les deux acquittements controversés (Monsieur Z.). On regarde les infos à la télé. Auparavant il y a eu une longue discussion sur les génocidaires. Ceux qui sont en prison. Yolanda en a rencontrés. Elle pense qu’eux aussi sont « traumatisés ». A un autre moment on parle d’un infanticide commis récemment en Europe. « Comment des parents, une mère, un père peuvent faire ça ? », « Pourtant ici on a connu ça… » Quant à Yolanda, elle vu massacrer ses trois enfants, son mari, ses frères et sœurs.

Samedi 28 novembre 2009
Valise, je vois André (journaliste Grands Lacs Hebdo) au petit déjeuner. Il me donne 3 numéros de son journal.
Je pars à Kimironko, Annonciata toujours présente.
J’apprends que les parents d’Assumpta habitaient à Kimironko, Chantal Kalisa y habite.
Je revois Philibert. Visite de Jean-Baptiste (hôtel).
Un moment de travail avec Eric. Il cite un proverbe rwandais : « quand il y a deux vaches dans un enclos, elles se frottent les cornes ».
Jacquie arrive en moto et nous visitons la maison ! Dernière visite avant le départ. Je file attraper une moto, hôtel, aéroport, départ.


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